Serge Emmanuel Jongué (Note d’atelier)
Dans cette exposition, il est essentiellement question d’espace. Un espace mental qui a néanmoins besoin d’aspérités géographiques temporaires pour se déployer. C’est une histoire commune, évoquant les ingrédients habituels : l’Amour, la Mort, le Désir, la Solitude, la Passion. Toutes choses que chacun dans sa vie croisera, éprouvera à un moment ou un autre. Le voyage y est réduit à une déambulation mentale forcenée dans une seule et même rue mentale, avec arrêts plus ou moins accusés sur certains épisodes et détails dont le choix dans le réel n’appartient en fait qu’au hasard lui-même.
La Ville également, l’envie ou le souvenir d’elle, est une opération de collage fantasmatique, un cadrage absolument personnel de ce lieu-réservoir par excellence des rêves et des solitudes : dans l’esprit de chaque individu, le propre de la ville ou de la bourgade tient plus à une odeur sui generis qu’à un ancrage précis, documentaire, à un seul lieu. Toutes les villes offrent, si tel est notre désir, un parfum immédiatement et « animalement » repérable, dans lequel nous nous reconnaissons comme des êtres urbains.
Le récit est non linéaire et non chronologique, à l’image du chaos ordinaire qui habite nos têtes. De même que tous ces lieux et émotions nommés pêle-mêle, mais au travers les sentiments. Tout ceci est donné à voir hors foyer, avançant ainsi l’idée que seule l’action de la lumière, et non les certitudes cartésiennes, est propre à faire rejaillir le souvenir, à exprimer l’espace mental.
Texte de présentation des séries Undressed Passion et Boarding Pass
Serge Emmanuel Jongué
Montréal, août 2000