Serge Emmanuel Jongué (Note d’atelier), hiver 1990-1991
Elle fait ses bagages pour partir dans un nouveau pays nouveau, porteuse de rêves d’espoir et de craintes diffuses en même temps.
Elle suit ses parents ou elle attend des nouvelles de son compagnon, le moment de partir pour aller le retrouver. Elle parle aux enfants de cette absence qui doit finir bientôt. Ou elle quitte, petite menue, son monde d’enfance et ses amis.
Elle arrive. Lieux inconnus auxquels habituer ses gestes – Recommencer Apprivoiser, s’apprivoiser. Calmer, réconforter le mari, l’enfant. Montrer une force de vie qui parfois lui manque tant de solitude de son cœur. Ou cacher aux parents des chagrins d’enfant.
Nouveau rôle, nouvelle femme. Comment garder la douceur des gestes de tous les jours. Des amies d’autobus avant la rentrée au travail, à l’école ; des rires au sortir de la manufacture le vendredi cinq heures.
Et puis ce marché qui lui rappelle tant celui d’avant aujourd’hui, avec ses couleurs et ses odeurs de bon repas à venir. Ou un ami, un amour si différent de l’autre vie mais si proche à la fois.« Parfum d’immigrante » cette valise d’avenir qui se réouvre pour parer les murs d’une vie où il faudra aussi de la chaleur et des sourires.
Demain un jour sera beau pense-t-elle.