Commisaire des VIIes rencontres Africaine de Bamako
Un ami
Un ami est mort. En parler ravive inévitablement la douleur de l’absence.
Serge était un être à part. Un authentique photographe. Les images qu’il produisait ne se limitaient pas à une quelconque représentation. Il usait de son appareil comme un écrivain. Pour décrire un monde intérieur et personnel. Pour nous raconter une histoire tellement personnelle qu’elle en devenait nôtre. Parce que ses doutes, ses failles, ses blessures étaient des doutes, des failles, des blessures que nous avions éprouvées. Parce que son langage ne s’encombrait pas d’effets aguicheurs ou de circonvolutions superflues. Je voulais le voir à Bamako, il est venu. Il est parti pour toujours. Mais ce journal intime, ce carnet de notes, comme il les affectionnait, est là, visible. Et à travers ces images, ce sont les années que nous avons partagées, chacun dans son bout du monde, qui défilent devant mes yeux. Bamako comme un espace du possible d’une vie rêvée. Merci Serge pour la sagesse de ta modestie et pour la finesse et la tendresse de ce regard que tu savais poser sur les êtres et sur les choses.
Simon Njami – 2007